Pourquoi revenir sur Delacroix

Delacroix est une réelle source d’inspiration pour qui aime les carnets de voyage. J’avais abordé le sujet dans « 2 sources d’inspiration dans les carnets de voyage 19eme » et je voulais revenir un peu plus en détail dessus et en particulier partager quelques autres oeuvres.

Delacroix rêve d’Orient

Comme tous les jeunes artistes de sa génération peu enclins à l’étude sage de l’enseignement neo classique, Delacroix « grandit » dans une atmosphère d’orientalisme. Et son départ fin 1831 pour le Maroc est comme un aboutissement logique d’une démarche qui a profondément marqué l’évolution de la peinture française dans le 1er quart du 19e.

La mission au Maroc

parcours de Delacroix au Maroc

parcours de Delacroix au Maroc

La vie dans ces pays du Midi est doublée par la sensation de plaisir de l’air et de la lumière

La vie dans ces pays du Midi est doublée par la sensation de plaisir de l’air et de la lumière

Envoyée par le roi Louis-Philippe auprès du souverain marocain, le sultan Moulay Abd er-Rahman, la délégation conduite par le comte de Mornay embarque à Toulon à bord de La Perle le 11 janvier 1832.

Le séjour au Maroc dure 5 mois entre l’attente de l’audience avec le sultan à Tanger, le voyage en caravane vers la capitale de l’époque Meknès avec des étapes entourées de fastes protocolaires et de brillantes fêtes dans des campements, l’audience royale le 22 mars 1832 à Meknès, et enfin le retour à Toulon le 5 juillet 1832 après une escale en Algérie.

Pendant que l’envoyé du roi poursuit ses tractations, Delacroix découvre l’Orient méditerranéen qu’il confronte à l’Orient rêvé et imaginé, et rapporte de ce voyage des observations et des témoignages sur le Maroc, la culture et la vie de son peuple.

Un périple initiatique

L’argent – car Delacroix doit assumer frais à bord et dépenses à terre -, le calendrier – les 2 séjours à Tanger encadrant le voyage à Meknès -, la technique picturale et même une épidémie de choléra vont transcender le voyage du peintre.

Dès son arrivée, la mission est bloquée pour cause de ramadan, ce qui donne à Delacroix l’occasion de s’engouffrer dans la vie marocaine. Vu la situation politique et les tensions populaires, il est accompagné par le drogman de l’ambassade de France. Ce mentor a la fois compagnon, hôte et guide du peintre, va l’introduire dans les dédales de la cité et l’initier à ses secrets.

Des dessins rehaussés d’aquarelle

Etude au crayon

Etude au crayon

La halte prolongée permet a Delacroix de s’affranchir des consignes, d’errer dans Tanger, de faire du cheval dans la campagne … et de dessiner.
Page du journal de Delacroix
En effet peindre est impossible. Les premiers temps temps il exécute des œuvres sommaires sur papier qu’il rehausse d’aquarelle. Cette technique, par la rapidité qu’elle donne au rendu, va affranchir l’artiste des contraintes d’atelier – impératifs du chevalet et rigidités de la peinture a l’huile notamment -.

Le peintre va multiplier les études documentaires : costumes, personnages, chevaux, paysages, objets, architecture, …

Parce qu’il doit se nourrir avec des moyens qui sont comptés, Delacroix trouve table ouverte chez le drogman. Et au mépris de la tradition qui recommande de ne pas poser devant un étranger – un chrétien -, ce sont des modèles dociles que le peintre trouve chez son hôte. Puis a la vue de ses premières aquarelles, ce sont les notables qui prennent la pose.

A Tanger, dans les jardins ou le long de la baie comme sur les hauteurs du cap Spartel, il « s’abandonne » : l’instant et la nature dans l’éclat et la force. « Le pittoresque abonde … il y a des tableaux tout faits … le beau court les rues … » (sic Delacroix)

La vie et la lumière

Puis c’est le parcours vers Meknès. Et ses carnets de voyages sont un reportage vivant, précis, chaleureux, en même temps qu’ébloui et moderne. Il rencontre le tumulte de la vie méditerranéenne, la fierté du monde musulman, les traditions de la vie juive, …

Venu chercher « l’Orient », Delacroix croise une terre vivante qui lui livre une lumière subtile et une nouvelle palette. Il devient un créateur attentif, changement imposé par les pauses placées entre les temps forts de son trajet (4 semaines à son arrivée à Tanger, 1 semaine à Meknès cloitré pour ne pas croiser la délégation algérienne, 7 jours de quarantaine de choléra avant d’entrer en Espagne, 15 jours dans le lazaret de Toulon à son retour)

Les carnets

Si on en croit le catalogue de la vente de 1864, 1 an après sa mort, le peintre aurait rapporté de son séjour 7 carnets. Ils seront dispersés et seuls 4  nous sont parvenus (3 au Louvre et 1 au musée de Chantilly).

A travers ces carnets, Delacroix a adopté 2 méthodes

Le croquis rapidement esquissé à la mine de plomb ou a la plume avec des ré-hauts plus ou moins soutenus d’aquarelle

Marocain de TangerDans ce cas, quelques traits de crayon ou de plume agrémentés de délicates touches colorées suffisent à restituer :

– l’allure d’un personnage comme dans les différentes études d’arabes,

– les particularités d’une architecture ou d’un décor,

– les mouvements de la foule déambulant dans les rues,

Etudes d'Arabes à cheval– des détails de vêtement ou de parure,

– les différents plans d’un paysage accidenté,

– la richesse des décors intérieurs,

– les contrastes d’ombre et de lumière sur les façades des maisons ou les pentes d’une colline
Entrée d’une maison arabe

l’étude réalisée avec un soin extrême comme si Delacroix avait décidé à ce moment là de la transposer immédiatement sur la toile

Jeune Arabe dans son appartementDans ce cas, à partir d’une esquisse préliminaire au plomb, Delacroix utilise une aquarelle de façon plus maitrisée en jouant sur la réserve du papier pour souligner :

– les couleurs vives d’un tapis ou d’une tenture murale,

– la ligne fine d’un fusil noir brillant rompant avec la blancheur éclatante des costumes…

Au retour en France

Delacroix refait certaines compositions comme une fantasia qui, quand on les compare, permettent de constater le recentrage de l’artiste sur le coté ardent de la chevauchée.

Delacroix réalisera une quarantaine d’œuvres  – peintures, dessins et gravures – témoignages exceptionnels tirés aussi de sa mémoire

Parfois il a décliné la même scène à l’aquarelle et l’eau forte comme les muletiers de Tétouan avec une différence dans l’organisation des personnages

Muletiers de Tetouan - aquarelle

aquarelle

Muletiers de Tetouan - eau forte

eau forte

 

 

 

 

 

 

 

Je ne prétendrai jamais atteindre ce grand maître mais il est certain, que l’on soit photographe, peintre, aquarelliste, dessinateur …. voir les lumières d’autres cieux changent « l’écriture » de ce que l’on fait !

Pouvez vous me faire connaître des « maitres » qui vous influencent quand vous voyagez ?

 

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Editeur du blog voyage Voyager le monde, Annie voyage a travers le monde depuis de nombreuses années et partage avec vous ses carnets et récits, conseils et astuces pour vus donner envie de voyager. Rejoignez-moi sur mon profil Google+

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