L’historic route 66, un morceau d’histoire

L’Historic Route 66, ce long ruban d’asphalte

La ruée vers l’or, les cow-boys et les indiens, les beatniks, les hippies, la Harley… Un bric-à-brac rétro rythmé par les motels, les diners, les stations hors-service, les villes fantômes et les mégalopoles tentaculaires. Finalement la Route 66, itinéraire mythique reliant Chicago à Los Angeles, c’est un peu tout ça à la fois. L’Historic Route 66 pour un cours d’anglais – très bref –  signifie l’itinéraire historique 66.

Cette route têtue ne craint pas les lignes droites sur des dizaines de kilomètres de grands espaces verdoyants ou arides. Les paysages époustouflants ont séduit le cinéma avec Easy Rider, Bagdad Café, Thelma et Louise…. Ils ont ébloui la littérature avec Sur la Route ou Les Raisins de la colère.

L’Historic Route 66 déroule son ruban d’asphalte sur plus de 3 620 km. Elle traverse huit États (Illinois, Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona, Californie) et trois fuseaux horaires.

La naissance de la route mère

La première transaméricaine est d’abord dès 1825 une route fluviale, le canal Erié, de l’Hudson au Lac Erie.

Puis pendant la guerre de sécession, les 80 cavaliers du Pony Express joignaient les fleuves Sacramento et Missouri.

Et c’est le télégraphe continental qui remplace les signaux de fumée indiens.

Ensuite la Central Pacific, de Sacramento vers l’Est, et de l’Union Pacific vers l’Ouest se livrent à une course acharnée pour l’installation du « cheval de fer ». Ce qui permet en 1869 d’inaugurer la première voie ferrée transcontinentale. Auparavant la seule route commerciale qui reliait Atlantique et Pacifique était maritime et passait par le cap Horn.

Chicago, le plus grand port céréalier au monde, est desservi par une véritable toile ferroviaire, environ 300 000 km de rail. Mais les industriels ont besoin d’un réseau routier national.

C’est cet entrepreneur de Tulsa, Cyrus Avery, qui fut chargé par le gouvernement d’un réseau routier à l’échelle du pays. Il fédère 8 états sur l’idée de la « grande route diagonale » ou Main Street of America. Elle est inaugurée en 1926 mais complètement pavée et terminée en 1938. Mais dans son célèbre commentaire social, The Grapes of Wrath , John Steinbeck lui préféra le nom de Mother Road.

Pourquoi Route 66

Pour une grille topographique unique, il est décidé que :

  • les routes Est-West sont paires et les routes Nord_Sud paires.
  • celles passant une frontière auront un logo en forme de bouclier pour US Highway et les state road des logos circulaires.
  • les principales auraient un numéro < 100 et les plus importantes des numéros de dizaine.

L’itinéraire Chicago – LA correspond donc à 62, 64 ou 66. Avery voulait 60 mais le numéro déjà pris et devant la menace du congrès de remettre tout en question, Avery cède pour la 66.

Un chemin vers l’espoir

2 événements majeurs :

La Grande dépression, crise économique qui va du krach de 1929 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale

Migrant Mother

Dorothea Lange, 1936.

Le Dust Bowl, nom donné à une région à cheval sur Oklahoma – Kansas – Texas touchée par la sécheresse et une série de tempêtes de poussière provoquant une grave catastrophe écologique et agricole. C’est la période des Dirty Thirties.

Fermier et ses enfants pris dans une tempête de poussière dans le comté de Cimarron Oklahoma

Ils font de la 66 un chemin d’exil vers l’espoir d’une vie meilleure en Californie. Ces familles de fermiers qui fuient dans des camions brinquebalants sont surnommées avec mépris Oakies d’Oklaoma et Arkies d’Arkansas.

John Steinbeck, qui habitait en Californie, en témoigna : reportages pour The San Francisco News, pamphlet Their Blood is Strong. Puis il écrit son roman contestataire, “Les raisins de la colère” en 1939, ou il lui donne son légendaire surnom.

La parole à Steinbeck

« La 66, le long ruban de ciment qui traverse tout le pays, ondule doucement sur la carte, du Mississipi jusqu’à Bakersfield… […] La 66 est la route des réfugiés, de ceux qui fuient le sable et les terres réduites, le tonnerre des tracteurs, les propriétés rognées, la lente invasion du désert vers le nord, les tornades qui hurlent à travers le Texas, les inondations qui ne fertilisent pas la terre et détruisent le peu de richesses qu’on y pourrait trouver […] La 66 est la route-mère, la route de la fuite. […] Et toutes les routes qui mènent à Oklahoma City : la 66 qui descend de Tulsa, […] La 66 à la sortie de Oklahoma City ; El Reno et Clinton sur la 66 en allant vers l’Ouest. Hydro, Elk City et Texola. »

Les raisins de la colère - Steinbeck.

Les raisins de la colère – Steinbeck.

Des services

Et on a les prémisses du commerce routier avec services tels que un peu d’essence, du dépannage ou des repas chauds.

Pendant la seconde guerre mondiale, les restrictions sur l’essence et les pneus font de la 66 la principale voie de transport de matériel militaire. Mais les incessants trafics de matériel très lourd la laisse abîmée et rafistolée.

Les installations de transport en commun par train et par bus ne pouvaient accueillir qu’une petite fraction des 10 millions de travailleurs nécessaires à l’exploitation des installations de défense. Le reste devrait se déplacer dans des voitures privées. Le résultat de cette migration de masse a été entre 1940 et 1943 pour 3 États de la côte du Pacifique – Californie, Oregon et Washington – une augmentation de 38,9% de leur population (moyenne nationale 8,7%). Et la Route 66 a joué un rôle essentiel dans ce vaste mouvement d’américains pour faire face aux exigences de la guerre.

En cette fin des années 40, elle est encore le poumon économique vers l’Ouest et ses nouvelles industries.

Sur le mode des vacances

Après la guerre, les Américains étaient plus mobiles que jamais. Des milliers de soldats, marins et aviateurs formés en Californie, en Arizona, au Nouveau-Mexique, en Oklahoma et au Texas ont abandonné Chicago, New York et Boston et la Route 66 a facilité leur réinstallation.

Un de ces émigrants, Bobby Troup, ancien pianiste du groupe Tommy Dorsey et ancien capitaine de la Marine, a écrit une chanson, « Tentez votre chance sur la route 66 », devenue le slogan des innombrables automobilistes qui allaient et venaient entre Chicago et la côte du Pacifique.

Dans les années 50, les Américains vont dans l’Ouest en mode vacances et déplacements de loisirs. La route 66 s’équipe de nombreux services :

  • motels – nouveau concept d’hôtel de plain-pied accueillant le client et son automobile ;
  • garages restaurants – en particulier la restauration rapide et bon marché comme le 1er Mac Donald a San Bernardino ;
  • stations service.
First McDonalds in San Bernardino

First McDonalds in San Bernardino

De nombreux points d’intérêt de la route 66 étaient des repères familiers de la nouvelle génération d’automobilistes des années 1960. Beaucoup se sont souvenus d’excursions avec leurs parents dans les années 40 et 50. La classe ouvrière essentiellement agricole et industrielle est devenue une société techno-urbaine caractérisée par une augmentation des loisirs. Le goût pour les voyages en voiture et le plaisir de faire des visites touristiques font des cibles idéales pour les industries de loisir.

Une fascination croissante pour les cultures amérindiennes a conduit à une commercialisation croissante à mesure que les autoroutes publiques pénétraient les réserves. L’intérêt pour les Indiens, les paysages géologiques et les merveilles historiques protégés par le système des parcs nationaux a attiré d’innombrables touristes.

Un voyage sur la Route 66 était une aventure dans l’ensemble de l’Amérique, accentuée par des motels familiaux, des dîners toute la nuit et des boutiques de souvenirs indiens.

Un jeu de piste

Mais la 66 va bientôt devenir Bloody 66, ou Death Alley ou Two Lane Killer, rendue dangereuse à cause de son étroitesse et des nombreux villages traversés face à la vitesse et  à la quantité croissante de véhicules. D’où la décision sous Eisenhower de créer un réseau autoroutier moderne, l’Interstate Highway System, lancé en 1957 et terminé en 1984, quand les 40 Interstates sont inaugurées. 5 autoroutes inter-états ou « Interstate » ont remplacé successivement la Route 66 depuis le 27 juin 1986 : l’I-55 de Chicago à Saint-Louis, l’I-44 jusqu’à Oklahoma City, l’I40 jusqu’à Barstow, l’I-15 jusqu’à San Bernardino et l’I-10 autour de Los Angeles. Et Williams sera célèbre car elle est la dernière ville déviée.

Et c’est la chute dans l’oubli avant la renaissance

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A propos de l'auteur  ⁄ Voyagerlemonde

Editeur du blog voyage Voyager le monde, Annie voyage a travers le monde depuis de nombreuses années et partage avec vous ses carnets et récits, conseils et astuces pour vus donner envie de voyager. Rejoignez-moi sur mon profil Google+

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