La route 66, une route culte

Pourquoi les voyageurs aiment cette route ? Elle n’a eu guère plus de 60 de vie très active avant de tomber dans l’oubli. Mythe ? Culte ? Racine ?

La première route moderne

Même si elle colle à la voie ferrée, elle est la 1ere transamericaine à 2 voies cimentée officielle qui permet a chacun de choisir librement de son parcours et de ses étapes, symbole de liberté et de mobilité pour cette génération.

La route des migrations

La 66 que décrit Steinbeck

« 66… le long ruban de ciment qui traverse tout le pays, ondule doucement sur la carte du Mississipi jusqu’à Bakersfield…  à travers les terres rouges et les terres grises, serpente dans les montagnes, traverse la ligne de partage des eaux, descend dans le désert terrible et lumineux d’où il ressort pour de nouveau gravir les montagnes avant de pénétrer dans les riches vallées de Californie.  

La 66 est la route des réfugiés, de ceux qui fuient le sable et les terres réduites, le tonnerre des tracteurs, les propriétés rognées, la lente invasion du désert vers le nord, les tornades qui hurlent à travers le Texas, les inondations qui ne fertilisent pas la terre et détruisent le peu de richesses qu’on y pourrait trouver. C’est tout cela qui fait fuir les gens, et par le canal des routes adjacentes, les chemins tracés par les charrettes et les chemins vicinaux creusés d’ornières les déversent sur la 66. La 66 est la route-mère, la route de la fuite.« 

L’essor des motels et services

La perturbation démographique amorcée dans les années 1930 a continué de stimuler le commerce. Les propriétaires de magasins, les gérants de motel et les agents des stations-service ont rapidement compris que même les voyageurs les plus démunis avaient besoin de nourriture, d’entretien de la voiture et d’un logement convenable. Alors que l’utilisation militaire de l’autoroute sur la guerre assurait le succès rapide des entreprises en bordure de route, les exigences de la nouvelle industrie du tourisme dans les décennies d’après-guerre donnèrent naissance à des installations modernes garantissant une prospérité à long terme.

Campings

Cette nouvelle route, symbole de la démocratisation du voyage individuel et de la liberté de mouvement, génère de nombreuses activités.

L’architecture en bordure de route le long de la US Highway 66 illustre l’évolution de ces installations. La plupart des Américains qui ont emprunté la route préféraient un hébergement plus pratique pour les automobilistes. Les motels ont évolué à partir de caractéristiques antérieures telles que l’auto-camp et la maison de tourisme.

L’auto-camp s’est développé pour permettre aux voyageurs de faire du camping pendant la nuit. Les surveillants de camp fournissaient gratuitement eau, bois de chauffage, toilettes ou toilettes à chasse d’eau, douches et une laverie. Le camp Joy près de Lebanon (Missouri) et Red Arrow à Thoreau (Nouveau-Mexique) en sont des exemples vivants.

camp joy lebanon 1926

Camp Joy – Lebanon 1926.

Red Arrow Cottage Camp et Indian Trading Post a Thoreau Nouveau-Mexique

Red Arrow Cottage Camp et Indian Trading Post a Thoreau au Nouveau-Mexique

Le successeur de l’auto-camp était la maison de tourisme, qui offrait bon nombre des mêmes commodités, mais avec en plus un hébergement à l’intérieur en cas de mauvais temps.

Le cabin-camp, parfois appelé cottages, offrait un confort minimal à des prix abordables. Beaucoup de ces chalets sont toujours en activité.

Motels

Finalement, les auto-camps et les cabin-camps cèdent le pas à des motels avec toutes les chambres sous un même toit. Les motor-courts offraient des commodités supplémentaires telles que des restaurants adjacents, des boutiques de souvenirs et des piscines. En 1948, environ 30 000 motels ou motels étaient en service le long des nombreuses autoroutes du pays. Le Riviera Court est le premier motel  à ouvrir sur la 66 à Miami. Plus célèbres et encore associés à la Route 66 sont El Vado et le Zia Motor Lodge à Albuquerque et Coral Court à Saint-Louis (Missouri). Le motel Wagon Wheel à Cuba (Missouri) et Le Wigwam Village Motel à Holbrook (Arizona) offre toujours aux voyageurs l’expérience de passer la nuit sur Mother Road.

Wigwam Village Motel à Holbrook

Wigwam Village Motel – Holbrook

Trading post

Près des réserves, les commerçants qui échangent avec les indiens, réorganisent leur comptoir, le trading post.

Trading post

Trading post

Stations

Dans les premières années de la Route 66, les prototypes de stations-service se sont développés à l’échelle régionale à l’aide de l’expérimentation, puis se sont répandus dans tout le pays. Les stations-service avaient des bâtiments distincts clairement associés à une société pétrolière particulière. La plupart ont commencé comme de simples bâtiments ressemblant à des maisons avec une ou deux pompes de service en face et sont ensuite devenues des stations plus grandes et plus élaborées avec baies de service et points de vente de pneus. La station Shell de Soulsby à Mount Olive, dans l’Illinois, et la station Tower Fina à Shamrock, au Texas, sont des exemples remarquables de l’évolution des stations-service le long de la route 66.

Soulsby Service Station

Soulsby Service Station

Tower Station and U-Drop Inn Café Shamrock

Tower Station and U-Drop Inn Café – Shamrock

L’inspiration des artistes

L’Highway 66 devient rapidement l’un des moteurs de la culture américaine. Le cinéma et la littérature en font un décor mythique.

La période des mouvements de miséreux a inspiré Steinbeck et ses Raisins de la colère qui décrit ces mouvements massifs d’émigration vers l’ouest. Born to Run, chanson de Bruce Springsteen évoque également cette période.

Ensuite, c’est son côté romantique et libertaire qui a inspiré. Get your kicks on Route 66, écrite par Bobby Troup, est la chanson la plus représentative. Elle a été chantée par nombre d’artistes : Nat King Cole, Bing Crosby, Chuck Berry, Charles Trenet …

Born to be wild, de Mars Bonfire, illustre Easy Rider (Santa Monica, Topock et Flagstaff) et colle à l’image de la route, bikers et liberté.

D’autres chansons l’ont célébrée comme The Mother Road d’Alan Rhody, What’s Left Of 66 de Jason Eklund, Willy Rogers Highway de Kevin Welch, The Long Red Line de Mary Cutrufello.

Les Rolling Stones avec Route 66 ont contribué à populariser cette image rock’n roll et branchée. Et Kerouac avec Sur la route et la Beat generation (Ginsberg, Burroughs…)

Une série a même été consacrée à ce mythe, dans les années 60 : Route 66 suivait les aventures de deux jeunes hommes qui voyageaient de Chicago à Los Angeles.

Dans le film Cars, Radiator Spring, village où se perd Flash McQueen, est une des villes abandonnées de la 66. Les fans du dessin animé peuvent aller rendre visite à Martin le camion-dépanneur à Galena au Kansas ainsi qu’à Sally la Porsche sexy qui ne se trouve pas à Radiator Springs mais à Peach Springs en Arizona.

Des films comme Bagdad Cafe, the Hitcher de Robert Harmon (Roy’s Café à Amboy), Rain Man de Barry Levinson. Ainsi que Thelma et Louise que Ridley Scott plante entre l’Arkansas et l’Arizona dans un décor de stations-service abandonnées, de motels d’autoroute fatigués, de bitume abîmé.

Les peintes sur murs et palissades expriment leur talent en de gigantesques fresques colorées comme autant de cartes routieres.

Ainsi que l’art des différentes tribus indiennes.

La moto

Route 66 est propice a la moto avec ses vastes étendues, ses panoramas époustouflants et l’amour de la route.

Pas de standard car ils vont du motard du dimanche au routard en passant par les Harley Davidson.

Et tout est la pour assouvir sa passion, des magasins aux rassemblements.

L’Historic Route 66 est un musée à ciel ouvert

Des associations

Les derniers vestiges désuets et mal entretenus de la 66 sont cédés au système inter-États en octobre 1984. En 1985, l’autoroute a été officiellement mise hors service. Peu de temps après, les membres des organisations publiques, privées et locales, ainsi que les agences fédérales et fédérées, qui comprenaient la signification historique et sociale de la route, ont lancé des campagnes pour la préservation et la commémoration de la route. De nombreuses ressources historiques associées à la 66 sont proposées pour inscription et inscrites au registre national des lieux historiques. De nombreuses associations se sont développées pour promouvoir les déplacements et la préservation de la route. Les organismes publics ont travaillé pour marquer la route avec des panneaux afin que le public voyageur puisse rester informé de l’emplacement de l’itinéraire. Certains États ont désigné la Route 66 comme un état et / ou une route panoramique nationale. Les entreprises situées le long de la route ont commencé à servir des touristes qui continuent à rechercher les alignements de la route.

Des lois

En 1990, le Congrès adopte la loi 101-400 reconnaissant que la 66 était «devenue un symbole de l’héritage du peuple américain en matière de voyages et de son héritage de recherche d’une vie meilleure». En vertu de cette loi, le National Park Service mene une étude sur les ressources spéciales de la  66 pour évaluer son importance dans l’histoire des États-Unis et définir des options permettant de la préserver, de l’interpréter et de l’utiliser. Cette étude a conduit à la promulgation de la loi 106-45 et la création du programme de préservation du corridor de la route de service des parcs nationaux 66. Ce programme fournit une assistance financière et technique aux individus, organismes sans but lucratif, agences locales, étatiques, tribales et fédérales, et d’autres, pour aider à préserver les ressources historiques les plus importantes et les plus représentatives le long du parcours pour que les gens puissent apprendre et en profiter.

Un jeu de pistes

Parcourir la Route 66 est un jeu de piste. C’est une suite de petites routes peu fréquentées changeant de nom, voir une simple route de service pour l’interstate. Mais 85 % du tracé originel est encore praticable. La 66 a vécu à peine 60 ans mais son mythe refuse de mourir. Certains villages ont été désertés et des milliers de commerces ont éteint leurs néons. Mais tout au long du trajet, une signalétique a été mise en place par ces associations composées d’irréductibles comme Angel Delgadillo à Seligman, et Jerry Richard et David Wesson de Kingman. L’association Historic Route 66 (février 87 est récompensée en novembre quand l’Arizona désigne “Historic Route 66” le tronçon Seligman-Kingman. Nombre d’association militent activement pour sa protection : festivals, rassemblements de voitures ou de motos, spectacles de rue.

seligman sign

Faire SON voyage

Faire SON voyage avec la liberté de parcours et d’étapes, c’est plus qu’une route. Une destination en soi, le symbole d’un voyage initiatique, entretenu par des générations d’artistes.

Commentaires

A propos de l'auteur  ⁄ annie gourbillon-faucher

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