Du bruit. De la lumière trop crue. Et puis une image qui fait tout à coup se taire les onversations. Queue de cheval, pantalon noir, et une allure tranquille sans être déglinguée. LUI c’est Marc Poirel et ELLE c’est l’Historic US 66 ou la route 66
Connaissances du Monde
Je ne suis pas aux USA – hélas – mais dans le cinéma d’une petite ville de Bourgogne ou passe une fois par mois des tournages que diffuse « Connaissances du Monde »
Souvenez vous de « Sur la piste de Joseph Rock, Alexandra David-Néel … et Patrick Mathé » !
C’est dans cette même salle que le film d’un canadien va m’emporter sur les ailes du voyage pendant 1h30
La route 66
C’est la première route – 1926 – qui relia le lac Michigan – Chicago la ville industrielle – à la côte Pacifique, – Los Angeles – désenclavant tout l’ouest d’un pays en pleine industrialisation car la route 66 naît de l’entreprise de modernisation des infrastructures des années 1920.
Quelques chiffres : 4 000 km parcourus, 8 états et de nombreuses villes traversés – dont elle facilitera le développement économique – et de grands espaces très divers.
C’est dans son roman « Les Raisins de la colère » que John Steinbeck la baptise Mother Road (la «route-mère») car toutes les routes secondaires débouchaient sur la Route 66.
Les années heureuse voient des milliers de boutiques et motels. L’emblème en est la Harley Davidson et c’est un voyage mythique que de faire la 66 en harley – comme Marc -.
La Route 66 déclassée en 85 par l’autoroute. Mais d’associations en rénovations, elle revit pour ceux qui chaque année roulent sur ce mythe américain.
La petite info : seule la EagleRider loue, entre autre, des Harley-Davidson en « aller simple » (sans revenir au point de départ) et bien sur Chicago et Los Angeles font partie des stations.
La découverte de Chicago
Chicago est le Point 0 de la route 66 quand on la parcourt, comme les colons, les exilés de la Grande Dépression ou les vacanciers des années 50 et 60.
Les points d’intérêt que l’on découvre, plus loin qu’Eliott Ness, sont :
le lac Michigan (500 km par 200 km) situé au cœur de la région des Grands Lacs qui ont permis le développement industriel de la ville au 19e. Grâce au système de voies navigables, il est relié vers l’est à l’océan Atlantique par les Grands Lacs et le Saint-Laurent, et vers le sud au golfe du Mexique par le Mississippi. Avec des plages jusqu’au centre ville.
les 570 parcs qui en font une ville de verdure
l’art avec la fontaine Buckingham ou la Cloud Gate, boule d’acier d’une centaine de tonnes
la musique dont Chicago a été un centre majeur dans le Mid-Ouest, surtout au début des années 1900, quand la grande migration d’ouvriers pauvres d’origine afro-américaine des villes industrielles du sud du pays a apporté les musiques comme le jazz et le blues avec un grand festival annuel
la rivière Michigan qui « ouvre » la ville
Le métro inauguré en 1892 est l’un des plus anciens réseaux du monde, souvent désigné sous la lettre « ‘L’ » ou « EL122» (de l’anglais elevated) car la majeure partie de son réseau est aérien.
les bateaux jaunes qui sont des taxis collectifs permettant de traverser la ville en évitant la circulation
Downtown Chicago, considéré comme étant à l’origine des gratte-ciel comme La Willis Tower (1973), anciennement Sears Tower qui a été pendant 25 ans le bâtiment le plus haut du monde (527 mètres et 110 étages) et aujourd’hui le 2eme plus haut du continent américain après le One World Trade Center de en 2011 à New York.
la route 66 dans l’Illinois
500 km en Illinois.
Des enseignes pour attirer le client, il en survit quelques unes.
Je vois se dessiner les parcours parallèles du rail (1850), de la route 66 (1926) et de l’autoroute (1960).
Dans les petits villages, des bénévoles ont récupéré et présentent dans des petits musées les souvenirs de la route 66 ; Marc y a remarqué le chaleureux accueil que toujours il y trouve. Et je note sa remarque très vraie et si savoureuse sur les litres de café insipide que boivent les américains – et j’en ai bu aussi : vous pouvez en boire des litres, il ne vous fera pas de mal !
Le Java Stop Coffee a Dwight est remarquable car il est fait de 2 containers l’un sur l’autre (« et nous voila en affaire » comme le dit Marc avec un délicieux accent canadien)
Springfield, dans 22 états des USA mais celle ci est la capitale de l’Illinois et la ville d’Abraham Lincoln.
Pour la petite histoire, caresser son nez porte chance 😉
la route 66 dans le Missouri
La route 66 traverse le Missouri sur 480 km.
De Springfield à Saint Louis, 200 km de belle campagne, au bout desquels 1 point qui retient l’attention à St Louis : son arche monumentale. La ville est au croisement du Missouri et du Mississipi
Un petit détour, comme une infidélité à la route, pour visiter Hermann, qui rassemble le charme de la vieille Allemagne et de belles vignes sur les hauteurs. Mais la quantité produite est « confidentielle », environ 15000 caisses / an, et consommée localement.
Bref Kansas
La route 66 traverse le Kansas sur 30 kms a l’extrême sud-est traversant notamment Galena. Elle a pu inspirer le dessin animé Cars car on y découvre le « vrai Martin », la dépanneuse.
la route 66 dans l’Oklahoma
La route 66 traverse l’Oklahoma sur 625 km.
Miami, petite ville, avec un superbe théâtre de 1000 places, le Coleman Theatre ( il m’a marqué aussi, il méritera un détour) avec cette petite anecdote sur le tirage au sort !
Le Rock Café de Stroud construit avec les pavés de la 66 en 1939 et reconstruit après un incendie en 2008 – un survivant, la boite aux lettres -, met a disposition souvenirs et magasines.
Pop’s à Arcadia, propose la plus grande variété de boissons gazeuses au monde, plus de 600 sodas différents avec la cohue qui se bouscule devant les grands frigos.
Oklahoma City ou Marc souligne la ferveur religieuse de ce qui est nommé la Bible Belt avec l’exemple de Precious Moments, « centre spirituel version Disney »
la route 66 au Texas
La route 66 traverse le Texas sur 260 km.
Une petite remarque qui aide a comprendre : les routes sont paires dans le sens E-W comme la 66 et impaires dans le sens N-S
A McLean, la route 66 est particulière : le revêtement est en briques rouges.
Puis une visite de camion qui m’a rappelé des échanges sur un gigantesque parking aménagé pour les recevoir : les routiers ne demandent pas mieux que d’expliquer l’amour de leur vie !
Amarillo est située dans le nord du Texas, dans les hautes plaines de l’État, le Texas Panhandle. Et les parc d’engraissement y comptent par centaines de milliers de bêtes.
Les Stockyards (foire au bétail) d’Amarillo comptent parmi les plus importantes ventes aux enchères publiques chaque matin de la semaine, le mardi étant la journée la plus animée avec ce son particulier de l’encan
Le Big Texan Steak Ranch à Amarillo est une institution, autrefois aux abords de la 66 et relocalisée près de l’Interstate I-40. Impossible de louper ce restaurant ! Des dizaines de panneaux publicitaires géants l’annoncent des miles à la ronde autour d’un concept : le steak de 72 onces (2 kg) est gratuit si vous le consommez en moins de 60 minutes chrono. Dans le film, le pov’gars n’a pas réussi ! Une ambiance extraordinaire ou j’ai bien envie d’aller faire un tour !</span >
Plantation de cadillacs à Cadillac Ranch de Stanley Marsh à la sortie d’Amarillo, modèles 45 à 64. Vous pouvez vous aussi les « bomber » !
Le Midpoint Café d’Adrian se situe en face d’un panneau signalant le centre exact de la Route 66, à 1139 miles de Los Angeles et 1139 miles de Chicago. Le Café accueille le visiteur avec ce slogan : « When you’re here, you’re halfway there » (Quand vous êtes ici, vous êtes à mi-chemin de là-bas).
la route 66 au Nouveau Mexique
La route 66 traverse le Nouveau Mexique sur 750 km
Sur la route d’Amarillon à Albuquerque, le Blue Swallow Motel de Tucumcari, érigé en 1939, présente l’une des panneaux les plus spectaculaires de la 66. Un retour dans le temps si on y dort !
Puis c’est la découverte de Santa Fe, capitale du Nouveau-Mexique, dont la place principale est encadrée de petits bâtiments en adobe (inspirés de Taos) dans le style pueblos espagnols. Tous les jours un marché d’artisanat indien.
La Central Avenue d’Albuquerque est le plus longue avenue du monde. La Route 66 l’emprunte pour traverser la ville d’est en ouest, succession de motels et de panneaux aujourd’hui abandonnés pour la plupart. Il y eut ici plus d’une centaine de motels dans les années 1950.
Un petit écart de la route 66 nous permet avec Marc Poirel de découvrir Taos, le village construit en adobe par les Indiens Pueblos à 100 km de Santa Fe et il nous en conseille la visite plutôt le matin (« de bonne heure à l’ouverture« ) pour éviter la foule.
Au cours des 300 km de Taos à Gallup, la route 66 en son point le plus haut passe la ligne de partage des eaux entre Pacifique et Atlantique
Puis c’est Gallup ou il doit être génial d’assister aux Journées indiennes qui regroupent les différentes tribus dont les navajo, rendez vous annuel (aout) dont le cinéaste nous fait découvrir les sons et les couleurs envoutants. Un artisanat qui oeuvre autour de la turquoise, la cuisson traditionnelle du pain, … – Par contre je crains la trop grosse affluence touristique –
la route 66 en Arizona
La route 66 traverse l’Arizona sur 650 km d’extrêmes : climat, dimensions, paysages, …
Le Painted Desert, au nord du Petrified Forest National Park, présente des couches de roches érodées et colorées par les minéraux. Il se pare de mille couleurs, comme peintes par la main de l’homme, exacerbées au lever et au coucher du soleil.
Le Petrified Forest National Park accueille une formidable concentration de troncs (ou morceaux de troncs) d’arbres fossilisés et colorés par le fer, le manganèse et le basalte. Et ces « pierres » ont été utilisées par les indiens navajo pour la construction de leurs maisons.
Et Marc nous « conte » le passé avec fougue !
Le Meteor Crater à Meteor City porte les stigmates du terrible impact de météorite, écrasé au cœur du désert, il y a près de 50’000 ans.
Le WigWam Motel d’Holbrook, véritable icône de la Route 66, dresse ses tipis « en dur » sur le tracé transcontinental depuis 1940. Aujourd’hui, seuls 2 établissements d’une chaîne de 7 demeurent ouverts, le 2e situé en Californie. Celui d’Holbrook présente la particularité d’être tenu par la même famille depuis les années 1950. Son atmosphère rétro est soulignée par les vieilles voitures parquées devant chaque tipi.
Williams, à 300 km d’Holbrook, est l’une des principales portes d’entrée sur le Grand Canyon, accueillant le train touristique qui y achemine des milliers de visiteurs et de très nombreux hôtels pris d’assaut en haute saison. La Route 66 traverse le centre avec ses stations-essence, ses diners, ses saloons, gift shops et petits musées.
Le Grand Canyon National Park n’est pas directement sur la route 66 mais à quelques miles de Flagstaff et de Williams. J’ai ressenti devant le film le vertige que j’ai connu il y a quelques années en le visitant, en logeant dans le parc pour pouvoir admirer lever et coucher de soleil.. Et la voix de Marc nous fait repartir dans le passé. « Un vide minéral, sidéral, silencieux, inhumain ».
Seligman est le haut lieu de la renaissance de la route 66, lieu de naissance de la 1ere association. Les habitants y sont très accueillants.
Puis la route 66 passe entre les Black Mountain, tronçon redouté des mécaniques automobiles. Le Sitgreaves Pass entre Kingman et Oatman à 1100 m est particulièrement escarpé, étroit et peut s’avérer dangereux.
Oatman est une ancienne ville minière restaurée en sympathique petite bourgade touristique qui présente la particularité d’abriter des Buros, ânes sauvages issus de ceux utilisés dans les mines et fermées depuis 1942, déambulant librement et friands de carottes.
Un ecart pour voir la folie de Las Vegas : sa démesure mérite le détour ! C’est aussi un souvenir incroyable pour moi d’autant que je revoie dans le film « Le Louxor », hôtel-pyramide ou j’avais logé
Arrivée en Californie
La route 66 traverse la Californie sur 500 km avant l’Océan. « Welcome to Nowhere »
Et je revoie les images de la traversée de la vallée de la mort même si le film passe plus au sud
C’est la traversée du désert de Mojave.
La route sans fin.
Il fait très chaud et il fait bon s’arréter comme au mythique Bagdad Café, à Newberry Springs, fidèle au film qui confronte une touriste allemande perdue et la tenancière remplie d’amertume de ce petit café-motel-station à essence. Avec beaucoup d’humour sur les « habitants » du Bagdad café 😉
Les trains américains en convois interminables : ceux de la BNSF !
Le Bottle Tree Ranch à l’est d’Helendale entre Barstow et Victorville est l’oeuvre d’un artiste qui récupére les bouteilles abandonnées aux abords de la 66 et en fait cette surprenante composition artistique piquée de centaines de bouteilles vides et de vieux panneaux routiers. » Il a une superbe philosophie de la vie et une étonnante culture « .
San Bernardino, petite ville sans grand intérêt, vit aussi naître… le premier Mc Donald’s de l’histoire ! Ouvert en 1948, il abrite aujourd’hui un musée dédié à McDonald’s.
Et c’est enfin Los Angeles que Marc décrit comme « le rêve américain et ses naufragés » et parmi lesquels j’ai particulièrement remarqués :
le quai Redondo Beach pour ses fruits de mer et son coté vivant asiatique et hispanique,
Venice pour son coté spectacle permanent.
Fin de la route 66 au bout du quai de Santa Monica, “End of The Trail”.
Et voici pour vous laisser imaginer ce que j’ai vu, la bande annonce
et vous pourrez découvrir le film puisque’il passe dans diverses régions
« Peut importe d’où on vient, peut importe ou on va, le thème, le sujet même, c’est la route » (sic Marc Poirel)
Il y a des films cultes sur cette route et je ne sais pas si « La route 66 de Chicago à Los Angeles » en fera partie mais il mérite le détour !
Alors ça vous dirait, à vous, de venir la rouler cette route mythique ?
Mots clés qui ont permis aux internautes de trouver mon article :
- taos missouri mail: @ (1)